• À des années remonte ma première rencontre avec la conteuse d’arrêts.

    De ses lèvres fines s’évadait un flot de connaissance limpide. Les vieux arrêts du droit administratif français ressuscitaient l’espace de ses bras. Ses gestes expressifs, son ton saccadé, son regard vif, sa petite taille : la conteuse était, sans relâche, au service du public. 

    Deuxième année de droit, Paris, Centre René Cassin, amphithéâtre Capitant, 8h, un lundi de l’année 2001. Amphithéâtre blindé, brouhaha, murs dépeints, figures étrangères et hostiles. Levée à 6h30 de sa banlieue, la jeune fille de 18 ans était montée dans le RER B à reculons, pensant que le droit administratif allait être aussi imbuvable et incompréhensible que les cassettes rouillées de conversations allemandes qu'elle devait écouter au collège. En s’asseyant discrètement à la dernière rangée, au sommet de cet amphithéâtre, elle eut l’impression de plonger dans le vide et le gouffre de l’indifférence. Mais à peine installée, et ce vide fut comblé. La frêle silhouette de la conteuse d’arrêts imprima à jamais sa rétine, et elle garda dans un coin de son oreille le silence qu’imposent les douces voix des excellents professeurs.

     Huit ans plus tard, la jeune femme se souvint de cette matinée lorsqu’on lui décerna son diplôme de docteure en droit administratif.

    Aujourd’hui, lors d'une surveillance d’examen, dans ce même amphithéâtre, cette femme devenue enseignante effleure l'âme de la conteuse d’arrêts. Et pour se consoler, elle se persuade de voir, au dernier rang, une jeune étudiante maigre et timide … qui aurait pris le RER B.

    La ShnieHommage au Professeure Bréchon-Moulènes (1944-2012).


    votre commentaire
  • Un fou rire à la radio en pleine Parilla dans la ville du Ché (Alta Garcia-Argentine).

     


    votre commentaire
  • Subway's tears            


    votre commentaire
  • La voilà, qui surgit encore une fois. Discrète, sereine, sans voix.

    La voilà, inodore, amère. Pourtant si belle chez le nouveau père.

    Tantôt rampant sur un sol aride ; tantôt déchaînée, et mon cœur se vide.

    Elle se dandine, peignant nos visages en clair-obscur. De l'allégresse à la tristesse pure.

    Je la garde précieusement au fond de mon âme, mes souvenirs d'enfance la nourrissent de flammes,

    La voilà qui peine à sortir, pleine de charme.

    La voilà, cette larme.

    La Shnie, Paris (novembre 2005).


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique